Alors que le chômage reste un marqueur très important des quartiers de la politique de la ville, l’emploi et le développement économique sont des enjeux majeurs des nouveaux contrats de ville. La question qui se pose n’est pas simple : le numérique est-il un des vecteurs essentiels du challenge à relever et, si oui, dans quelles conditions ? Des initiatives se développent ici ou là, y compris dans les quartiers populaires, sur la base de nouveaux concepts induits par le développement des usages numériques.
- Des projets de Fablab, d’espaces de coworking et autres tiers lieux, d’accompagnement de jeunes entrepreneurs voient le jour .
- Le crowsfunding, l’économie circulaire, sont autant de nouvelles façons de concevoir le développement économique : une économie qui se veut solidaire , durable et prenant en compte les enjeux environnementaux.
- L’ouverture des données publiques (open data) ouvre la possibilité de créer de nouveaux services dans la perspective de ce que l’on nomme « la ville intelligente ».
- Le développement des MOOCS, permet un accès plus large à la formation, notamment la formation permanente, tout au long de la vie.
Ces pistes permettent déjà :
- l’insertion professionnelle par le développement de filières de reconditionnement du matériel informatique et le traitement de déchets,
- l’accompagnement des services liés au usages du numérique,
- des initiatives comme Banlieue Numérique valorisant des engagements personnels ou collectifs.
- …
Sans doute ces éléments contribuent-ils à définir de véritables axes stratégiques, mais cela passe d’abord par l’observation des expériences en cours et la rencontre des acteurs afin d’échanger les points de vue et, progressivement, de se fixer un angle d’attaque.
Les centres ressources de la politique de la ville sont interpellés et prennent des initiatives:
- Le CR.DSU initie les cafés Labos Quartiers
- Villes au Carré en a fait un de ses thèmes de la journée du 5 juin qu’il organise à Blois, et qu’il a intitulé : Les usages du numérique, un atout pour les quartiers !
- Profession Banlieue vient de tenir un cycle en vue des futurs contrat de ville ; Le
développement
économique
des
quartiers
populaires
:
Quelles méthodes ? Quelles actions ? - …
De nouvelles ressources et initiatives voient le jour pour soutenir ce que le ministère de la ville place comme une priorité essentielle. Citons, à titre d’exemples :
- CapVille, qui ambitionne de diffuser les expériences
- TRIRA, fort de son expérience dans le domaine du recyclage informatique et de l’insertion, qui initie le projet Circularis
- Simplon.co qui fait de la formation un axe prioritaire pour les jeunes des quartiers populaires
- …
Les quartiers, leurs habitants et les jeunes, plus particulièrement, profitent-ils de ce foisonnement de nouveautés? Pour une part oui, mais Il convient de changer d’échelle. Il faut œuvrer au rapprochement, dans ce domaine, des différents acteurs:
- de la politique de la ville,
- de l’économie classique,
- de l’économie sociale et solidaire
- et, bien évidemment, de ceux de la formation,
pour que ces potentialités deviennent de véritables opportunités. La limite reste cependant liée à la situation de l’économie et de l’emploi dans notre pays, quartiers populaires ou non !
Quel angle d’attaque prendre ? Il n’y a sans doute pas de recette miracle, car chaque territoire, chaque quartier est différent, et les questions se bousculent dès lors que l’on commence à s’y intéresser:
- Faut-il repérer des initiatives existantes et, dans ce cadre, être attentifs à celles qui s’attachent aux enjeux de notre société (développement durable, économie solidaire, …) ?
- Comment s’adresser aux forces en présence, publiques et privées, qui, du fait le leurs expertises et missions, sont des acteurs incontournables?
- Convient-il de prendre le temps, avec les acteurs de la politique de la ville, de se construire un langage commun et,, pour cela, ne pas se censurer ni limiter les questions?
- Qu’entend-on par développement économique pour les quartiers populaires ? Parle-t-on de création d’activités économiques, d’insertion, de formation, ou de tout cela à la fois?
- Créations par qui ? Habitants, acteurs économiques extérieurs au quartier? Comment accompagner ceux qui voudraient se lancer dans l’aventure de l’entreprise ?
Ces activités sont-elles génératrices d’emploi pour les habitants des quartiers ? - Créations pour qui ? Quelle est la nature des emplois visés ? Parle- t-on d’emplois d’insertion, d’emplois aidés, tremplin pour une insertion professionnelle ? Faut-il évoquer, avec les entreprises intervenant sur le quartier, des clauses d’insertion ?
- ….
Ces derniers mois, j’ai été amené à me confronter et donc à m’intéresser à la création d’activités. J’ai entendu des créateurs d’entreprises, j’ai rencontré des acteurs de l’économie sociale et solidaire, des entreprises d’insertion. Mes interlocuteurs étaient guidés par un même souci: créer, développer une activité qui ait du sens. Et qui de contribuer à l’amélioration de l’environnement, qui d’améliorer les conditions de vie des habitants d’un même territoire, qui de permettre à des jeunes de mettre le pied à l’étriller de l’emploi …
Qu’ils soient de l’économie classique ou de l’ESS, mes interlocuteurs se revendiquaient d’une activité économiquement viable et contribuant, d’une manière ou d’une autre, au développement du bien-être individuel et collectif. C’est sans doute cette approche sociale, au sens où le travail est un des moteurs de socialisation et du bien vivre en société, qu’il est bon de se rappeler, et à laquelle il convient d’être attentif.
Jacques HOUDREMONT